7 Mars - Brise Marine
Brise marine
Stéphane Mallarmé
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Stéphane Mallarmé – 1842-1898
Brise Marine est un poème écrit par Stéphane Mallarmé en 1865 à Tournon (Ardèche). Il est composé de 16 vers en rimes plates et est divisé en deux parties, une de 10 vers et une de 6 vers. Il a fait l'objet de pas moins de huit états successifs. Il est paru dans Le Parnasse contemporain en 1866 puis dans Poésies en 1887.
La maison occupée par les Mallarmé à Tournon